La politique de Jacques Delors à la tête de la Commission européenne entre 1985 et 1994 est le fruit d’un long cheminement. Dès les années 1960, les perspectives nationale et européenne s’entrecroisent dans les missions accomplies par Delors, tour à tour au Conseil économique et social, au Commissariat général au Plan, au cabinet du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, au Conseil général de la Banque de France à partir de 1973, puis au sein des instances dirigeantes du Parti socialiste. Deux lignes qui se rejoignent lorsque Delors entre au Parlement européen en 1979-1981, avant d’être nommé ministre des Finances par François Mitterrand en 1981. Des années d’expériences, de rencontres et de réflexions façonnant un projet revitalisé pour l’Europe.
Sa mise en œuvre de Bruxelles, à partir de 1985, en un processus accéléré, bouscule les hésitations et construit le marché intérieur puis l’union monétaire. La démarche de Delors vient pourtant buter sur les incertitudes et les craintes que soulève le bouleversement européen de 1989 et fait obstacle, lors de la négociation du traité de Maastricht, à une politisation des institutions européennes pourtant nécessaire.
1. Les années 1960 : poser la question européenne
Parcours : Banque de France, CFDT, Clubs.
La dimension nationale : pour un modèle de planification démocratique
Quel engagement européen ?
La démocratie économique et sociale : entre cadres national et européen.
2. Du cadre national au cadre européen nécessaire : la crise des années 1970
Avec Chaban : essai d’une gestion contractuelle de l’économique et du social
Une crise structurelle
Un cadre européen pour réformer les structures
3. Le tournant européen
Jacques Delors et la montée du PS vers le pouvoir : les compromis nécessaires
Les acquis du passage par Strasbourg
Tommaso Padoa-Schioppa : une doctrine et une pratique pour la Commission.
La « rigueur » selon Delors et la Commission
4. Priorité à l’Europe du marché
Le Livre blanc
Construction d’un consensus
Les apports de Delors
Retour à la politique
5. Ensuite la monnaie
À la Commission : autour d’une démarche fonctionnaliste
Efficacité, stabilité, équité
Renforcer le SME
Le comité Delors
6. Aux limites du projet delorien : Maastricht
À partir du grand marché
Vers l’union politique
Architecture institutionnelle et politisation
7. Au-delà de la monnaie et du marché : le Livre blanc de 1993
La mise en cohérence d’une politique
Renforcer les structures : politique industrielle
La dimension sociale du marché intérieur
Le livre blanc : vers un nouveau modèle de développement économique et social